Année: 2004
Album: Donna – Les amants de Poncey [2004]
Auteur: Olivier Larvor
Résumé: c’est un mec avec des grosses couilles.
Avec l’album de Poncey, on voulait aborder le thème de la nécrophilie.
La suite logique.
Chouette.
Pour pousser le concept encore plus loin, on s’était dit que l’on pourrait écrire une histoire, un conte, un truc, pour enrichir l’album et illustrer notre propos.
Donc voilà.
On n’a pas été chercher bien loin.
Imaginant une trame grotesque sur fond viticole.
C’est assez long et très pénible.
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Je ne suis plus la vierge que tu as connue.
Conte Régional Traditionnel
(Traduit librement du patois bourguignon et remis au goût du jour façon téléfilm pedzouille pour raison commerciale uniquement).
Auteur : Inconnu au bataillon.
Préambule.
Il est de ces histoires que l’on n’ose raconter de peur de se voir aussitôt cruellement moquer, voire rudoyer, par une audience peu encline à la tolérance, car les implications connexes suffisent à chambouler leurs protocoles austères établis dans les temps puritains.
Mais je me dois d’outrepasser la frilosité étroite du plus grand nombre, et par là-même rendre justice à cet homme par qui notre fier Bourgogne amorça son enjolivement en stimulant son savoir-faire viticole. Et plus important encore, je voudrais célébrer cet amour unique qui lia une femme bébête à un mort ingénieux. Un amour merveilleux, bien plus fort que nombre de relations factices où la passion agonise assurément.
Ne croyez surtout pas que je cherche à m’attirer une quelconque publicité d’apparat, car voyez-vous, à mon âge, on ne se soucis plus guère des artifices de la renommée. Seule la réhabilitation de la vérité peut soulager le cœur fatigué du tourment. Et peu m’importe si ces divulgations engendrent un schisme dans la confrérie des chevaliers du Tastevin ! La belle affaire que voilà ! Non, j’ai patiemment attendu le jour pour coucher sur le papier vergé le nom du vigneron de génie – le rendant par là-même immortel -, le mésestimé Antonin Pinot !
L’intrigue que je m’apprête donc à vous narrer me fut révélée par mon grand-père, qui lui-même l’hérita de son père enivré au bon Saint-Véran, un soir d’orage à Marsannay-la-Côte. Les mots de mon pépé provoquèrent un tel choc qu’il me fut impossible de trouver le sommeil sur plusieurs nuits, pleurant à chaudes larmes le disgracieux Antonin et son destin tragique.
Pauvre Antonin ! Où que tu sois, j’espère au moins que tu souris.
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Chapitre 1 – Augustine, la salope.
A peine mis au monde, Antonin ne suscita que dégoût et répulsion tant son physique était abîmé. Immédiatement, la faute fut imputée à sa mère, Augustine, et sa soif quasi insatiable pour l’alcool de prune. Il se racontait dans le village de Poncey que, malgré les maintes mises en garde, elle n’avait pas jugé nécessaire d’arrêter son vice lors de la gestation. Hélas, les dires du voisinage étaient bien en deçà de la vérité. Augustine Pinot ne voulait pas de ce marmot et cela, par pure coquetterie !
Alors enfant, elle avait observé comment, après plusieurs accouchements, sa propre mère s’était considérablement enlaidie, et sa poitrine, autrefois somptueuse, s’était rabougrie pour ne ressembler qu’à deux piteux morceaux de boudin blanc. Bien déterminée à éviter une telle déchéance physique, elle jura-cracha sur la croix du petit Jésus suspendue au-dessus de son lit de ne jamais donner la vie.
Augustine tomba enceinte à 15 ans, deux mois après son mariage arrangé avec l’exploitant viticole, Georges Pinot. Maudissant la Vierge Marie pour ce mauvais coup du sort, elle entreprit de se débarrasser de ce fœtus menaçant sa beauté, cette dernière louée par tous les gars du bourg.
A peine son mari parti en chemin pour tailler la vigne qu’Augustine se jetait à plat sur la table de la cuisine, comptant sur les secousses engendrées pour décrocher l’encombrant têtard. Elle y mettait tellement d’entrain, qu’elle finit un jour par briser net la table et s’assommer dans sa chute. George la retrouva au soir, gisant de son long.
Tout en lui vidant une casserole d’eau sur la gueule, il s’exclama :
-« Nom de nom, Salope, qu’as-tu encore fait ?! »
Recouvrant péniblement ses esprits, Augustine partit dans une série de jérémiades incohérentes.
-« Georges, j’en veux pas du mioche, il va me ruiner les nichons ! »
Réalisant avec horreur le funeste dessein d’Augustine, George tira sa fidèle serpette et l’appliqua tout contre la gorge de sa dérangée de femme.
-« Bécasse, t’y vas me le pondre ce loupiot, ou bien je t’équarris la couenne ! »
Tremblante de peur, Augustine assura son mari qu’elle comptait désormais mener à terme sa grossesse, et que plus rien ne pourrait la détourner de son devoir révéré de fervente catholique.
Seulement, le mal infâme avait déjà insidieusement accompli son œuvre. Antonin, touché au plus profond de sa chair, germait tel un monstrueux poireau.
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Chapitre 2 – L’éclosion de l’horreur.
Il est de ces hommes dont la vie semble n’être qu’une longue succession ininterrompue d’épreuves plus atroces les unes que les autres et Antonin faisait bel et bien partie de la catégorie des damnés. Ces êtres voués aux affres du désespoir car inassimilables dans ce creuset destructif naturel qu’est la société.
Ayant tout juste réussi à le dégager des boyaux de sa sinistre maman, la sage femme l’envoya valdinguer à travers la chambre tellement son effroi était grand.
-« C’est une vilaine bête ! » hurla-t-elle.
Antonin n’eut la vie sauve qu’à la présence fortuite d’un fagot de sarments, amortissant suffisamment son vol plané. Tel un signe providentiel infusé par une puissance cosmique lointaine, cet incident scella sa condition à venir : Antonin, perpétuellement rejeté par les siens, serait recueilli et choyé par la vigne.
Abasourdi, Georges Pinot regarda son fils indéniablement hideux dans ce berceau improvisé en brindilles de cep. Antonin possédait une jambe d’environ 5 centimètres plus courte que l’autre, ses testicules hypertrophiées, semblables à de grosses quetsches, juraient avec son sexe tout riquiqui de nouveau-né, ses mains se terminaient par des doigts tordus modelés en serres. Mais le plus disgrâcieux était sans conteste son visage exagérément allongé, barré d’une énorme tache de vin.
-« Faut le noyer de suite ! » cria la sage femme.
Georges l’arrêta d’un geste autoritaire.
-« Non, la bique, il a beau ressembler à une corneille, il n’en reste pas moins mon héritier. Je lui transmettrai les secrets séculaires de la vigne. Foi de Pinot, j’en ferai un bon vigneron, et notre pinard gagnera le grand prix de la Commune ! »
Avec le recul, les ambitions de Georges semblaient dérisoires au vu du don invraisemblable que son fils développerait par la suite. Mais comment aurait-il pu deviner qu’Antonin allait dépasser toutes ses espérances en révolutionnant véritablement la culture viticole avec sa méthode controversée de traitement de la grappe ? Sur l’instant, tout ce que Georges discernait n’était qu’un nourrisson difforme et effrayant. Un Monstre tout droit sorti des hallucinations innommables du Maudit !
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Chapitre 3 – Cours te cacher dans la vigne, ordure.
L’enfance d’Antonin ne fut qu’un concentré de purée amère parfumée au jus de souffrance et d’affliction. Rejeté par sa mère Augustine, pointé du doigt par les habitants de Poncey et raillé cruellement par les autres mioches, le petit Antonin ne trouvait qu’un rejet unanime sur la pénible route le menant inéluctablement à un trépas odieux.
Seule la vigne semblait lui ouvrir ses bras affectueux, le réconfortant tendrement dans les dures épreuves du quotidien. Plus d’une fois, elle l’avait protégé en lui offrant une cache improvisée: Antonin, fréquemment poursuivi par une horde d’adolescents teigneux avides de le caillasser, clopinait tant bien que mal, gêné par son pied rétréci et ses testicules ballottant telles de belles oranges, jusqu’à l’exploitation viticole paternelle pour s’y dissimuler. Les jeunes barbares ne parvenaient jamais à le débusquer au sein du giron salutaire. Contrariés, ils se juraient d’amener des chiens au flair infaillible pour leur prochaine traque, puis finissaient par s’éloigner tout en chantant une ritournelle malveillante de leur cruelle invention.
« Les couilles d’Antonin
Grosses comme des miches de pain
Se cognent en faisant Tsouin-Tsouin !!
La bouille d’Antonin,
Toute éclaboussée de vin
On la cogne en faisant Tsouin-Tsouin !! »
Antonin résistait stoïquement face à ce déluge de haine. Conscient de son physique dégingandé, il comptait, très naïvement, sur le temps apaisant pour se voir enfin accepté par la communauté. Mais les années filaient, et d’accalmie Antonin n’en connaissait point.
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Chapitre 4 – L’apprentissage
Georges Pinot avait tenu sa lourde promesse. Transmettant de son mieux un savoir-faire minutieux, il avait démystifié le cycle végétatif antédiluvien de la vigne – la relâche hivernale, le débourrement au printemps, la véraison estivale et les vendanges à l’automne -, inculqué le respect du cépage et la technique rigoureuse de la taille. Il avait révélé les principes de vinification – la macération carbonique et la fermentation malolactique – et de l’élevage du vin – la clarification et la maturation -. Si bien qu’à l’âge de dix ans, Antonin pouvait décemment prétendre au titre emphatique de vigneron.
Bien sur, Georges Pinot était assiégé in petto par des sentiments contradictoires : la honte d’avoir engendré pareille abomination supplée à l’orgueil paternel face aux aptitudes spectaculaires d’Antonin pour le métier de la vigne. Alors, pour mater la discorde tempêtant dans son ciboulot, Georges se mis à téter du goulot plus que de raison, pour bientôt ne s’adonner qu’à son cafardeux penchant. Consumant toute pondération, il s’établit définitivement dans la cave ayant ainsi ses bouteilles chéries à portée.
Avec ce père démissionnaire, le maintien de l’exploitation échut spontanément sur Antonin. Diligent, il oeuvra prestement pour devancer la débâcle prophétique – les anciens annonçaient : « Avec le Georges se torchant au gros rouge dans la cave, c’te vigne est condamnée comme le bon Saint Cyprien ! « .
Pourtant, contre toute attente, le vignoble, un temps négligé, fut remis d’aplomb. Un Miracle ! Impressionnés par tant d’opiniâtreté, les vignerons voisins apprécièrent la besogne.
-« Bravo le crapaud ! T’es bien moche, mais t’es un vrai esclave ! »
Antonin ne s’arrêta pas en si bon chemin. Désormais unique maître à bord, notre virtuose entreprit d’appliquer diverses expérimentations de son cru avec pour ambition affichée d’accroître la qualité de sa vinasse. Cependant, toutes ses tentatives excentriques se soldèrent par un échec.
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Chapitre 5 – La saillie végétale.
Vint le temps de l’éclosion pilaire grandiloquente, des déraillements vocaux primitifs, des pustules sur la gueules et des démangeaisons de la bite… la puberté d’Antonin, inoculée brutalement par une nature peu conciliante, ravagea le reste d’humanité chichement entretenue.
Se transmuant en un ours brun au pelage épais, notre monstrueux compère vit ses bourses à marmouset enfler davantage. Maintenant, il ne pouvait plus se mouvoir sans l’aide de « Bretelles à Couilles » qu’Augustine avait concédé, bon gré mal gré, à lui crocheter.
Alors que les adolescents de son age soulageaient leur anxiété poisseuse sur les animaux d’affermage, Antonin ne pouvait compter que sur lui-même pour alléger son martyr. Les bêtes prenant immanquablement la fuite après avoir humé les exhalaisons fétides et spontanées du prodige. Las, Antonin s’astiquait la nouille dans sa vigne chérie, giclant sa liqueur séminale en d’épaisses arabesques argentées et constellant les grappes de perles laiteuses, telles des larmes d’ange.
Est-ce par compassion cabalistique ou par pure contingence prosaïque que la vigne se mit à produire des fruits admirables; des baies pulpeuses comme des culs de nonnes à la teneur en sucre et en tanin merveilleusement dosée ? Mystère déconcertant que voilà ! Toujours est-il que les bouteilles d’Antonin gagnèrent le Grand Prix de la Commune, et ceci haut la main ! Un juge, enthousiasmé, avait même déclaré :
-« On dirait la putain d’pisse du Bon Dieu ! Ca guinche dans la margoulette ! »
Antonin courut, cahin-caha, soutenant fortement les «Bretelles à Couilles » de ses deux mains pour atténuer les ballottements, jusqu’à la cave familiale pour annoncer l’excellente nouvelle à son père.
-« Pépère ! Pépère ! Notre bibine a gagné ! Notre… »
Les mots moururent subitement dans la bouche d’Antonin. Devant lui se présentait l’effrayant tableau : George Pinot immergé, tête la première, dans un tonneau de Givry Premier Cru – son favori. Poussant un cri de chochotte, Antonin se précipita pour extraire son père de la barrique, espérant encore pouvoir le réanimer à coups de talon. Hélas, il était trop tard, George avait bu la grande tasse de la vie. Antonin comprit sur-le-champ que son père brindezingue n’avais pas pu résister à l’excellence de leur nouvelle réalisation, et farci de cupidité, il avait plongé comme un couillon. Les larmes alors coulèrent le long des joues laineuses d’Anthonin sur lesquelles pendaient encore les restes de son déjeuner : des miettes de pain et quelques bouts de lard. Ainsi disparaissait le seul être cher à son cœur : tel un gros connard.
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Chapitre 6 – La dépression.
Antonin vit la réputation de son vin s’envoler vers les sommets luxuriants en forme de mamelons sexuellement excités. Sa fortune était faite ! Hourra pour l’affreux ! Les carnets de commande se remplissaient à un rythme effréné, les élites se déplaçaient en masse pour lécher le fond des cuves, des soiffards ahuris campaient aux abords de l’exploitation afin de mieux hurler leur amour pour la noble concoction. Augustine, soufflée, entassait les billets de banque froissés dans les armoires chevillées, ne pouvant admettre que son monstre de fils avait dégoté la recette du bonheur.
Et pourtant, Antonin en avait gros sur la patate car toujours esseulé. Bien que l’on se pressait maintenant pour le rencontrer, il sentait bien les regards appuyés s’attarder sur ses belles bourses, grosses comme un agneau sortant des entrailles malodorantes de sa mère. Et toutes les louanges susurrées, mielleuses et dégoulinantes, n’étaient que de grossières contrefaçons sans sous-œuvre enraciné.
En vérité, Antonin implorait le ciel pour recevoir enfin une accolade sincère et chaleureuse, une caresse sensuelle sur le bas ventre ou un bécot dans le cou. Une marque d’affection élémentaire lui permettant de surmonter sa condition ‘homme-cochon-à-poils.
-« Oh, mon bon Dieu ! Viens à mon secours ! » Pleurait-il chaque soir, tout en éclaboussant pour l’énième fois sa vigne adorée d’un jet dense et blanchâtre.
Les lamentations de l’épouvantail restaient lettres mortes : notre Saint-Père, sans doute écœuré par cette variante incongrue découlant de sa création originelle idéale, préféra fermer sa gueule et zieuter les belles Polynésiennes dénudées.
Mais si Dieu n’en avait rien à péter d’un crétin difforme, Augustine, par contre, ne voulait en aucun cas voir la source de sa fortune dépérir. Elle n’avait que trop investi dans les rénovations de la maison et l’acquisition de bibelots coûteux. Elle comptait maintenant vivre large, claquant les pépètes comme elle l’entendait. Son dépressif de fils se devait donc de surmonter sa neurasthénie galopante, sinon la qualité de la vinasse finirait bien par s’en faire ressentir. Adieu alors la belle porcelaine de Gien ! Les chapeaux à voilette d’Avignon et autres parfums de Provence ! Augustine ne pouvait laisser une telle tragédie advenir, elle comptait entreprendre tout ce qui était nécessaire pour rendre son fils comblé et apaisé.
Un matin, elle se rendit donc à Barizey, bien décidé à mettre en branle son projet malfaisant élaboré durant les dernières semaines. Arrivée à l’exploitation déclinante de la famille Masse, Augustine se mit à héler depuis la cours.
-« Oh Père Masse ! Sort d’ta bouse, j’ai à te parler ! »
Jean Masse apparut à la fenêtre. Il reconnut de suite son vieil amour de jeunesse qu’il avait culbuté tant de fois. Il aurait bien fini par l’épouser si ce vicieux de Georges Pinot ne l’avait soutiré en douce en lui faisant miroiter les alouettes de la volupté.
-« Qu’est ce que tu me veux, vieux con séché ?! »
-« Pouah ! Sale bouc, tu pues le fumier d’ici, je suis venue t’acheter ta fille ! La plus jeune : Anisette ! »
-« Tu veux acheter mon Anisette, t’es pas un peu folasse, cul bas fané ! »
Augustine retira prestement une grosse poignet de billets de sa culotte et les présenta à Jean. Ce dernier écarquilla les yeux.
-« J’vais dire à Anisette de se préparer ! »
Le sort en était jeté. Augustine souriait, assurée d’avoir déniché le remède aux maux d’Antonin: une pétasse !
En réalité, sa sotte de mère venait de le condamner telle une dinde grassouillette à l’approche des fêtes de Noël. Le couteau s’avançait inexorablement, prêt à tailler la chair. La Mort en salivait. Dieu matait comme un salaud.
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Chapitre 7 – Première rencontre érotique
Anisette était, de loin, la plus belle fille du Canton. Ses longs cheveux couleur or et ses yeux vert-mousse-dans-les-sous-bois faisaient instantanément chavirer le cœur des hommes en rut. Elle avait toutefois réussi à préserver son hymen à l’aide des ses sabots cloutés qu’elle n’hésitait pas à faire voler sauvagement au niveau des couilles. Gare à l’intrigant qui s’y serait risqué !
Le calcul d’Augustine était élémentaire : elle présenterait Anisette comme une bonne à tout faire. Antonin ne pourrait résister aux attributs mirifiques de la belle et s’empresserait de bander pour elle. Augustine obligerait alors Anisette à se soumettre aux caprices libidineux du monstre. L’affaire était donc dans le sac. Terminées les sombres pensées, enterrée la mélancolie, kaput la dépression ! La vie et l’amour reprenaient le dessus. Les revenus étaient assurés pour un bon moment.
Augustine montra la chambre à Anisette.
-« Voilà pétasse, tu vas dormir ici ! »
Anisette fronça les sourcils.
-« Mais c’est quoi cet endroit ? Ca schlingue le maquereau ! »
-« Ta gueule ! Ne commence pas à jouer à la Sainte Nitouche ! Je vais t’en faire marcher droit, tu vas voir un peu ! »
-« Oui Madame… »
-« Bon, allez suis moi, je vais te présenter mon fils…va falloir que tu sois gentille avec lui…très gentille…tu m’as comprise ! »
-« Ça roule… »
Augustine et Anisette sortirent de la maison et se dirigèrent vers la vigne resplendissante. Lorsqu’ Anisette aperçu notre ami Antonin, elle ne put retenir un cri d’effroi…
-« Aaaaaah ! mais…mais…il est horrible…mais c’est quoi ces couilles…et vous voulez que je donne mon précieux pucelage à cette horreur ! Plutôt crever ! »
-« Tais toi pétasse ! » commanda séchement Augustine.
Elle poursuivit.
-« Mon chère Antonin, je te présente Anisette, notre bonne. Maintenant que nous sommes pétés de thunes, nous pouvons nous le permettre, pas vrai ? »
Antonin ouvrait gros ses billes : il n’avait jamais vu pareille beauté. Un filet de bave commençait à se former, sa bite durcissait, ses couilles se contractaient… son jus bouillant ne demandait qu’à sortir… Antonin laissa échapper une série de petits râles gutturaux…
-« rrrhhhoo, rrrhhhoo, rrrhhooo ! »
Anisette réagit prestement.
-« Tiens prends ça, sale vicieux ! »
Et elle sauta, sabots en avant, sur les bourses d’Antonin. La douleur fut atroce. Des milliers d’aiguilles chauffées à blanc transperçant ses organes, l’enfer ou quelque chose dans le genre. Atroce, oui. Antonin s’évanouit.
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Chapitre 8 – J’aime l’Anisette.
La Lune éclairait mollement la vigne lorsqu’ Antonin retrouva ses esprits. Augustine n’avait même pas pris la peine de le transporter à l’intérieur de la maison, trop horrifiée à l’idée de le toucher. Il se releva péniblement, ses pastèques de couilles l’élançant encore.
Où était-il ? Que s’etait-il passé ? Les vapeurs du traumatisme se dissipaient peu à peu.
Oh oui, Anisette !
Il se rappelait maintenant : sa poitrine généreuse, ses lèvres charnues, ses hanches taillées pour l’enfantement.
-« Anisette ! »
Son sexe gonflait, gonflait, gonflait.
-« Anisette ! »
Antonin bandait intensément.
– « Anisette ! »
Antonin saisit brutalement sa queue et commença à sulfater son royaume de son jus intime.
-« Anisette ! »
Les feuilles de vigne buvaient avidement la lotion de vie. Frémissantes sous la brise du soir, elles semblaient chuchoter : »Encore, Encore ».
-« Anisette ! » hurla Antonin
Un flot ininterrompu de sperme fusant sur plusieurs mètres. Antonin ne pouvait plus s’arrêter.
-« Anisette !!!!! »
Un cri, une prière, un espoir.
Anisette, de sa chambre, entendait les suppliques agaçantes du difforme. Haussant les épaules, elle ne tarda pas à sombrer dans le sommeil et ronfler telle une vieille chaudière à gaz.
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Chapitre 9 – Délivrance tailladée.
Notre pauvre Antonin essaya bien des subterfuges pour s’attirer les faveurs de la pétasse : se parant de nouveaux habits clinquants, s’achetant un bel étalon – qu’il chevauchait gauchement, ses couilles pendantes comme des sacoches sur les flans de l’animal épouvanté -, déposant des bijoux mirifiques sur l’oreiller de sa désirée, lui fleurissant la chambre, lui déclamant des poèmes de sa propre invention…
Peine perdue, Anisette restait insensible à la parade amoureuse, agitant ses sabots cloutés à la moindre tentative d’effleurement. Invariablement, Antonin s’en retournait dans sa vigne pour l’inonder de son amour inassouvi, sa semence dégoulinant sur les plants glorieux. La vigne se gorgeait du nectar pour sublimer sa production et bien que cela sembla impossible, le vin était encore meilleur que par le passé. Il plongeait les soiffards dans un ravissement béat, l’extase la plus pure, l’avant goût d’un monde meilleur au côté du Pervers.
– » Oh putes du Diable ! C’est bon, c’est tellement bon ! » pleuraient les ivrognes.
Un tel breuvage tenait du surnaturel, de l’invisible liturgique.
Antonin n’en avait rien à branler, une seule chose l’obsédait : fourrer l’Anisette.
Seulement, il n’y avait aucun espoir, aucun. Plus le temps passait, plus il en prenait conscience. Et bien qu’Augustine poussait la pétasse au cul, le dégoût prenait toujours le dessus.
Alors un soir de juin, résigné, Antonin clopina jusqu’à sa vigne la serpette paternel en main.
Il jeta un dernier regard sur son domaine et murmura :
-« Anisette… »
Il defit alors le noeud de ses bretelles à couilles et abattit la serpette violament au niveau de son bas ventre. Une fois, deux fois, dix fois.
Ses bourses tombèrent au sol. La sensation de légéreté. Antonin sourit. Il avait l’impression de voler. Plus rien ne le retenait sur cette terre. Il voyait son Pépère, il voyait le Grand Pervers.
Et dans un dernier souffle :
– » Je t’aime tant, Anisette. »
Antonin s’effondra, son sang se répandant tout autour. La vigne frissona.
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Chapitre 10 – La vigne était ta vie, ton vin fut divin, le raisin, ta fin !
Les funérailles d’Antonin furent très sommaires, Augustine ne voulant dépenser un seul centime pour son fils. Le cercueil, construit dans du bois de cagette, fut rapidement enterré. Malgré la renommée nationale d’Antonin, seule Anisette assista à l’inhumation.
Car la pétasse se savait la cause du geste excessif du désespéré et prise d’un certain remords, elle voulait saluer la mémoire de son monstrueux patron.
Une fois la cérémonie terminée, Anisette rassembla toutes ses affaires dans un baluchon. Hésitant un moment, elle prit tout de même la bouteille de rouge enrubannée d’un tissu en velours , le dernier cadeau d’Antonin avant son suicide, puis sortit de la chambre.
Augustine était assise sur sa chaise à bascule, le regard halluciné. « Elle a perdu la boule » pensa Anisette.
– » Salut la vieille ! A une prochaine… je m’en retourne chez mes parents. »
Pas de réponse.
Anisette se mit en route.
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Chapitre 11 – Ce cépage ne m’a jamais inspiré.
Deux années passèrent. La vigne d’Antonin était désormais à l’abandon. Augustine avait bien tenté de la vendre dans un ultime effort pour gonfler son capital et se barrer sur la Côte. Cependant la tumeur du collet avait soudainement gagné la majorité des plants, personne ne voulait se portait acquéreur d’un cépage condamné.
Augustine en pleurait de rage :
– » Salaud dégeulasse ! j’aurais dû t’avorter à l’aiguille à tricoter ! »
Les regrets d’une femme cruelle et mauvaise. Elle maudissait aussi cette vigne malade, source de son bonheur éphémère et de sa déroute assurée, ne remarquant pas, au milieu de celle-ci, là même ou les couilles d’Antonin s’étaient écrasées, puis pourries, une bien curieuse pousse germant en une forme insolite. Un nouveau prodige !
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Chapitre 12 – Le dépucelage.
Anisette ne trouvait plus le sommeil. Quelque chose la tracassait, l’empêchait de se plonger, comme à l’habitude, dans la sérénité de l’ignorance et de la rusticité. Des images fugaces, un sentiment d’inachevé, des odeurs relevées, comme une présence se tapissant à la périphérie de son champ de vision. Anisette ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait mais ça lui cassait sérieusement les bonbons.
Le père Masse avait remarqué le trouble d’Anisette.
-« Qu’est-ce qui t’arrive ?! T’en fais une gueule ? Pourquoi que tu vas donc pas te faire sauter par les fils du voisin, ça te changera les idées ? » insista Jean Masse.
Car Anisette n’était toujours pas passée à la casserole, ce qui faisait d’ailleurs bien bavasser tout le village. On commençait à se poser des questions, il était impensable qu’une si belle fille ne se soit pas faite engrossée depuis le temps. Avait-elle une aversion envers le membre masculin ? Certainement, quelque chose clochait.
Anisette ne prêtait pas attention aux ragots. Elle voulait simplement que son anxiété inexpliquée disparaisse.
Ne sachant plus quoi faire, elle zieuta la bouteille de vin, cadeau d’Antonin toujours emballé, posée sur la table de chevet.
-« Pourquoi pas » murmura-t’elle.
Peut-être qu’en se saoulant, elle pourrait enfin s’assoupir, pensa-t-elle. Rebutée, trouvant le vin rouge dégueulasse depuis son plus jeune âge, elle entreprit de retirer le bouchon avec ses ongles, une technique apprise par un de ses oncles retardés.
-« Voyons ce qu’il a de si exceptionnel ton vin. »
Vous l’aurez compris : Anisette n’avait jamais goûté la bibine d’Antonin malgré les maintes opportunités. La conne ! Hésitante un instant, elle porta le goulot à la bouche et prit une bonne rasade du breuvage.
La surprise fut totale ! une explosion gustative dans sa bouche, une délectation immense, une sensation d’euphorie, puis l’ivresse grisante.
Une deuxième gorgée. Quelque chose bougea en elle, un élan incontrôlé, une évidence, tout prenait enfin sens. Elle but cul sec le restant de la bouteille. Aglou, Aglou, Aglou.
L’Epiphanie. La lumière enfin.
Une certitude, Anisette en était persuadée.
-« Antonin, je t’aime »
Un amour pur et absolu.
Comment avait-elle pu rejeter Antonin ? Comment avait elle pu être aussi aveugle ? Il était beaucoup trop tard. Que faire maintenant ? La mort la séparait de son bien aimé. Que faire ?
Anisette eut soudain une intuition : la mort et l’amour ? L’amour dans la mort ! Forcément ! Et comme pour illustrer cette révélation, une force puissante lui dicta de sortir de la maison et de courir de toutes ses forces. Anisette obtempéra immédiatement, pressentant un dénouement métaphysique. A bout de souffle, elle arriva à destination. La vigne d’Antonin !
Son regard fut immédiatement aimanté vers le phénomène, ce bourgeonnement fantastique. Là-même où le drame s’était produit. Un cep à l’anatomie intrigante, d’abord étonnamment droit et se terminant en une sorte de grosseur familière.
Anisette s’approcha du plant. A quelques mètres à peine, le doute n’était plus possible : la terminaison avait la forme d’une bite parfaitement dessinée. Le gland découvert. Une belle pièce.
Enfourchant sans hésiter la tige, Anisette se laissa tomber d’un coup sec.
-« Oh Antonin » gémit Anisette.
Le cep était en elle. La chaleur montait. Des mouvements de va et vient. Langoureux.
Le plaisir de la chair et du bois. La copulation entre un mort réincarné en bâton et une vivante.
-« Je ne suis plus la vierge que tu as connue ! » hurla Anisette.
Anisette s’empala plus profond.
-« Qu’as-tu fais jusqu’à ce jour ? Attends-moi, mon Amour ! »
Plus profond.
-« Je n’espère plus ton retour, car tu es là, mon amour. »
Le sang coulait.
-« Je disparais à mon tour, attends-moi , mon amour ! »
Un dernier sursaut.
« Tu m’as quitté pour toujours, je te rejoins, mon amour ! »
La bite en bois lui transperça le cerveau.
L’amour et la mort avaient fait leur œuvre. Ils étaient réunis, là-bas, ensembles.
Épilogue
Voilà, j’ai achevé ma mission. Alors que mes larmes souillent les feuilles de papier sur lesquelles est révélé l’extraordinaire amour liant Antonin et Anisette, je sens mes dernières forces m’abandonner. Il est temps pour moi de les rejoindre là-bas.
J’ai débouché une des dernières bouteilles produites par Antonin. Un trésor que je me suis procuré, je dois l’avouer, en m’introduisant par effraction et en massacrant son propriétaire.
Je vais me la siffler tranquillement, puis me laisser emporter par les ténèbres.
Santé la jeunesse !
FIN